samedi 18 novembre 2017

BEAUJOLAIS

A une époque, on en voyait partout. Mais pourquoi donc les Français fêtent-ils moins l'arrivée du beaujolais nouveau, que l'on peut déguster depuis jeudi ?
La paille a été étalée au sol. Les serveurs ont revêtu chemises à carreaux et tabliers. Au café le Piquet, dans le XVe arrondissement de la capitale, l'arrivée du beaujolais nouveau s'est fêtée jeudi dans la plus pure tradition. Pourtant, ce vin primeur connu à travers le monde séduit de moins en moins les Français. « Ça se perd, comme toutes les fêtes traditionnelles. Ce n'est pas la plus grosse soirée de l'année », reconnaît Loïc Murat, gérant du Piquet. « Ce n'est plus comme avant. Il y a quinze ans, tout le monde faisait le beaujolais nouveau », confirme Géraud Delpuech, gérant du Lutèce (Paris VIe), qui a tout de même décidé de proposer un menu spécial pour l'occasion.
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En douze ans, les ventes ont chuté de 62 % selon l'Inter-Beaujolais. Cette baisse de la consommation, les producteurs l'ont ressentie. « Il y a une dizaine d'années, j'avais parmi mes clients des entreprises qui profitaient de l'occasion pour faire une petite fête autour d'un casse-croûte. Aujourd'hui, tout est interdit. Et les amateurs, pensant au retour et à la route, font attention à leur consommation d'alcool », remarque Daniel Burnichon, à la tête d'un domaine avec son épouse, Marie-Claude.
Mais le beaujolais nouveau a aussi pâti de sa qualité. Après des débuts timides dans les années 1950, les ventes explosent dans les années 1980. « En augmentant les volumes, on a affaibli le produit. La qualité a varié avec les prix à la baisse. Ça a tiré vers le bas toute la région ; ça a masqué de belles appellations », explique Dominique Piron, président de l'Inter-Beaujolais. « Aujourd'hui, le beaujolais nouveau n'est plus la tête de gondole du vignoble. Des vins de cru ont pris le devant », ajoute-t-il.
Montée en gamme
Les viticulteurs assurent être montés en gamme. « Ça fait deux ans qu'il est vraiment bon. Là, ça marche très bien. J'ai déjà vendu 9 bouteilles. Si c'est comme l'an dernier, je vais devoir en recommander samedi », constate David Sabattier, directeur du Café Buci (Paris VI e). « Les coopératives ont amélioré la qualité. Il y a moins d'additifs et les levures sont plus variées. Les viticulteurs doivent désormais trouver l'équilibre entre un vin classique et un vin plus recherché », souligne Geneviève Teil, chercheuse en sciences sociales à l'Institut national de recherche agronomique (Inra).
Et que les connaisseurs se rassurent : la cuvée 2017 a bénéficié du temps sec et ensoleillé de ces derniers mois. « Ce sont des fruits bien mûrs, avec une belle concentration », observe Daniel Burnichon.
Un millésime qui a plu aux aficionados attablés à la terrasse du Piquet. Les plus chanceux ont même pu bénéficier de verres offerts par le patron. « On en vend deux tiers, mais on en offre un tiers, indique Loïc Murat. Ce n'est pas une soirée où on gagne de l'argent mais c'est l'esprit de cette fête. »

L'avis du spécialiste sur le millésime 2017

« C'est une belle année qui, à quelques exceptions près, ne décevra pas les amateurs, estime Thierry Desseauve, cofondateur du guide des vins Bettane + Desseauve, dont les dégustateurs ont testé 150 échantillons de ce millésime 2017. La véritable surprise est la diversité des vins proposés. Fini les beaujolais nouveaux clonés et sans personnalité. Du gamay pâle infusé aux arômes de fruits rouges jusqu'au vin coloré, épicé et aux tannins réglissés, tous les styles y passent. »

Pour bien choisir sa bouteille, « mieux vaut se fier aux conseils d'un caviste qui saura orienter vers la production d'un jeune viticulteur indépendant et innovant, conseille l'expert dégustateur Olivier Borneuf. On peut aussi y goûter dans un bar à vins, où l'ambiance festive le rendra évidemment meilleur ! » Dans le top 10 des beaujolais nouveaux sélectionnés par le guide figurent ceux de Collin Bourisset (4,90 €), de Jean-Michel Dupré (7,90 €) et du Domaine du Guélet (7 €).



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mercredi 15 novembre 2017

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