NIKKA
Ce flacon est le best-seller nippon en
France.
Quinze ans après son arrivée en France, le
petit flacon de Nikka From The Barrel s’y est imposé comme le best-seller
nippon. Pourtant, de lui on ne connaît presque rien. Saviez-vous que…
1. C’est un whisky terriblement low tech
40% de malt et 60% de whisky de grain,
élaborés dans deux distilleries seulement: voilà pour la recette de base du
Nikka From The Barrel, qui n’a pas évolué depuis sa naissance au Japon en 1985.
Le malt provient pour l’essentiel de Miyagikyo, qui produit des whiskies doux
et fruités, et pour partie de Yoichi, dont les alambics chauffés à feu direct
alimenté au charbon – parmi les derniers au monde à fonctionner selon cette
«technologie» rustique – crachent des distillats puissants, tourbés et salins.
Le whisky de grain (du maïs), commercialisé chez les bons cavistes sous le nom
de Coffey Grain, sort quant à lui des alambics à colonne de type Coffey (du nom
du petit malin qui les a brevetés au XIXe siècle) de Miyagikyo.
Il s’agit là encore d’un processus low tech qui, en vertu de la loi de l’enquiquinement
maximum (ces alambics sont capricieux, compliqués à manœuvrer et exigent un
nettoyage complet entre chaque distillation) produit miraculeusement des
eaux-de-vie plus subtiles dans leurs arômes que les colonnes actuelles. C’est
donc dans les vieux tuyaux qu’on cuisine le meilleur du whisky moderne.
2. Il y a plus de 100 whiskies dans la
bouteille
Ces deux distilleries vont produire des
dizaines de distillats en agissant sur différents paramètres: niveaux de
tourbe, levures, durées de fermentation, distillations… Qui eux-mêmes donneront
des dizaines de «batchs» (cuvées) en fonction de la durée de vieillissement (en
moyenne 10 à 12 ans) et des types de fûts utilisés (essentiellement d’ex-fûts
de bourbon, mais aussi d’anciens butts de xérès, du chêne neuf américain et des
fûts régénérés). En tout, c’est donc plus d’une centaine de whiskies qui, en
autant de notes, compose la symphonie Nikka From The Barrel.
3. S’il dépote en bouche, c’est pour une
bonne raison
«NFTB» envoie la potion à fond les ballons, à
51,4% très exactement, soit une puissance très inhabituelle pour un blend. Ce
taux d’alcool un peu pointilleux correspond en fait à un chiffre rond rapporté
en ancienne mesure britannique: 90° British Proof. (Low tech, on disait…) C’est
à cette force qu’il fond au mieux phénols et esters, et délivre pleinement sa
richesse et ses arômes, ont estimé les blenders de Nikka.
4. Non, ce n’est pas un brut de fût
Pour autant, ce n’est pas un brut de fût,
comme on le lit parfois. D’abord parce qu’un blend (un assemblage, donc) brut
de fût serait une vue de l’esprit. Ensuite parce qu’on voit mal comment il
pourrait «sortir» du fût, année après année, exactement au même degré, à la
virgule près. Son nom, «From The Barrel» (tiré du fût, pourrait-on traduire) est
presque trompeur. Presque. Car en réalité, après assemblage le whisky repasse
en fûts pour une étape de «mariage», afin que les dizaines d’eaux-de-vie
s’épousent et se stabilisent, pendant trois à six mois. Un Pacs en CDD qui
suffit à atteindre l’équilibre parfait.
5. Ce best-seller est inconnu aux USA
80% de la
production de Nikka From The Barrel est exportée, en premier lieu vers la
France qui en raffole (90.000 bouteilles vendues en 2013) et où il dispute la
place de best-seller japonais au Nikka Taketsuru 12 ans. Mais il est tombé en
désuétude au Japon. Et reste introuvable aux Etats-Unis, où son format de 50 cl
lui interdit toute carrière.
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